L’ARRIVÉE
Le premier chemin de fer français a été construit et mis en service en 1827 dans la région stéphanoise. S’en est suivi un vaste plan d’équipement du territoire national en voies de chemin de fer. Notre village ne fut desservi qu’en 1857 suite à une longue procédure administrative.
Les archives communales montrent que les habitants et les autorités politiques et administratives étaient très motivés par les conséquences économiques et très conscients des avantages des nouvelles voies de communication, d’autant que l’axe Dijon –Chalon – Lyon avait été mis en service précocement, la région de Dole se trouvait ainsi pénalisée pour l’exportation de ses produits agricoles et industriels.
La ligne Dole-Salins est évoquée pour la 1ère fois dans les archives communales le 16 décembre 1846. Il s’agit d’une délibération du conseil municipal qui fait suite à la décision préfectorale d’engager l’étude du projet. Cette décision municipale est assortie d’une somme de 800 Frs mise à disposition du préfet.
Les étapes suivantes du projet sont :
– Le 1er mars 1846, la jonction Dole-Salins est déclarée « entreprise de nécessité publique ». Ce projet trouve sa justification dans l’acheminement à Dole, des produits métallurgiques des établissements industriels situés dans le triangle Salins-Pontarlier-Les Rousses.
– Une pétition signée par 40 habitants de la commune qui est adressée à Napoléon III, empereur des France, le 20 mai 1854. Cette pétition développe de solides arguments économiques et conclut en demandant, à titre dérogatoire, une exonération de la participation de la commune aux frais d’établissement de la ligne, en raison de la grande pauvreté de la commune qui fait suite à plusieurs années de disette. Nous ignorons la suite qui a été donnée à cette requête, aucune réponse ne figure dans nos archives. Cette pétition dont nous reproduisons un extrait ci-dessous, est rédigée dans un style très lyrique
Extrait : «…nos pays appauvris par quatre années consécutives de disette, par la mévente de leurs denrées …, par un détournement déjà considérable de l’ancienne et importante circulation de la route impériale N°83 (actuellement RD 83) au profit des voies de communication perfectionnées de la Côte d’or et de la Saône et Loire…..Alors comment vivre ….sans produits, sans travail et par conséquent sans aucun moyen d’existence ? Voilà Sire l’horrible perspective qui nous attend…. »
– L’arrêté d’expropriation pour cause d’utilité publique, qui concerne pas moins de 221 parcelles, est prononcé le 10 juin 1953 par arrêté préfectoral
– La construction de la ligne Dole-Salins commença en février 1856. Le tracé fut celui qui laisse la Saline d’Arc à gauche (en venant de Dole, l’autre tracé alternatif aurait laissé la Saline à droite) et traverse la Loue à 200 m en aval du pont suspendu.
– Le 16 mai 1857, c’est l’inauguration de cette ligne si chère à M. de Grimaldi, exploitant de la Saline qui avait fortement appuyé le projet. Cette ligne passant par Montbarrey, Chatelay, Arc-et-Senans et Mouchard, sera exploitée par le PLM (ancienne Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée) jusqu’à la nationalisation des chemins de fer en 1938
Avant la construction de cette ligne de chemin de fer et la construction de la saline quelques décennies plus tôt, Arc et Senans étaient de modestes villages ruraux du pourtour de la forêt de Chaux, composés de quelques centaines d’habitants. La physionomie actuelle de notre village a pris forme à la fin du XVIIIème siècle avec la construction de la Saline en 1779 et durant la première moitié du XIXème siècle, avec la construction de l’église en 1852 et du chemin de fer en 1857. Les écoles furent également construites à la même époque.